Dans un échantillon vieux de 30 000 ans, prélevé dans le permafrost sibérien, une équipe de chercheurs français vient de découvrir un virus géant totalement inconnu.
Jean-Michel Claverie, l’un des deux découvreurs du virus Mollivirus sibericum, mentionne que:
« C’est le quatrième virus géant découvert dans cette région du monde. Le premier a été découvert en 2002-2003. On pouvait penser alors qu’il s’agissait d’une anomalie de la nature. Mais aujourd’hui, ce n’est plus possible puisqu’on découvre une nouvelle famille de virus géant quasiment tous les ans ».
Chantal Abergel, directrice de recherche CNRS au sein de l’Institut de microbiologie de la Méditerranée et coauteur de la découverte, explique:
« C’est le premier membre d’une toute nouvelle famille. Plus des deux tiers de son génome, qui compte au total 523 gènes, ne ressemblent à rien de connu »
C’est la même personne qui avait présenté l’an dernier, un autre virus géant, le Pithovirus, isolé dans le même échantillon de pergélisol sibérien. Mais celui-ci se révèle extrêmement différent.
« Alors que le Pithovirus avait une forme en amphore avec un bouchon bien particulier et une enveloppe externe très dense de structure singulière, le nouveau venu, Mollivirus sibericum, lui, est plutôt sphérique, rugueux et possède une sorte de bouche »
La virologue indique qu’il a également la particularité de changer de morphologie lorsqu’il pénètre dans une cellule qu’il va infecter.
D’un point de vue génétique, les deux virus ont un nombre de gènes comparable, mais la ressemblance s’arrête là, le contenu de leur génome étant totalement différent.
« La structure de la particule virale elle-même est bien distincte »
D’ailleurs, même si, comme tous les virus géants qui infectent les amibes, Mollivirus pénètre dans la cellule en se faisant passer pour de la nourriture, le cycle infectieux est également très différent.
« Alors que Pithovirus est capable de se répliquer dans le cytoplasme de la cellule sans utiliser le noyau cellulaire, comme le virus de la variole, Mollivirus, lui, utilise le noyau cellulaire, comme les virus de l’herpès ».
Un ancien virus menace-t-il de nouveau l’être humain? La question peut-être posée. Au nord du cercle arctique, le sol ne dégelait plus depuis 30 000 ans. Il commence désormais à fondre en été. Ce sol de tourbe appelé permafrosts renferme micro-organisme et virus endormi depuis les temps préhistoriques.
De plus, face aux appétits que suscitent les minerais et les hydrocarbures du Grand Nord, rendus plus facilement accessibles du fait du réchauffement climatique, les scientifiques invitent à la plus grande vigilance.
Chantal Abergel lance un avertissement:
« Si on décide de brasser le pergélisol sibérien, il faut bien réfléchir aux conditions dans lesquelles on va travailler. Car, en creusant, on va remonter dans le temps et l’on risque alors de réactiver des virus qui ont été éradiqués de la surface de la Terre et qui peuvent se révéler dangereux »,
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il est important d’en savoir plus sur ces virus géants. Afin d’être préparés si, un jour, l’un d’entre eux se révèle capable d’infecter des mammifères, voire l’homme.
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